15 Octobre 2018
Aux Etats-Unis, des essais sans… assurance !
Le 17 décembre 1903, aux Etats-Unis, les frères WRIGHT réalisent plusieurs vols sur un planeur motorisé. Celui-ci ne décolle pas par ses propres moyens, puisqu'il glisse sur un rail, face au vent pour prendre son envol.
Après leurs essais, les frères WRIGHT ne donneront aucune photo ni description de l'appareil ou d'informations fiables et vérifiables sur la méthode employée.
Ces essais s'étant déroulés sans commissaires officiels, de sérieuses réserves furent émises sur les envolées de cet aéroplane, qui restera pour toujours un planeur motorisé et non un aéroplane s'arrachant du sol par ses propres moyens.
En France, les pionniers de l'aviation reprennent la main !
A Paris, l'ingénieur pilote Gabriel VOISIN, fait la connaissance de M. ARCHDEACON, important mécène des choses de l'air et Président de la commission d'aviation à l’aéroclub de France.
En décembre 1903, le capitaine FERBER donne une conférence à Lyon. Ce polytechnicien, officier d'artillerie, est un véritable savant, licencié ès sciences depuis 1896. En 1904, il sera détaché au Laboratoire Central de l’Aérostation militaire à Chalais-Meudon, poste pour lequel il était particulièrement désigné par ses nombreuses et remarquables recherches concernant l'aviation.
Gabriel VOISIN le rencontre et lui demande des précisions sur l'action des hélices montées sur un appareil.
Petit à petit, il accumule ainsi un certain nombre d'observations dont il tirera plus tard le plus grand profit.
Dès 1902, l'avocat mécène Ernest ARCHDEACON, (photo ci-dessous) milite en France pour que soient renouvelés les essais d'une machine plus lourde que l'air, tels ceux "possiblement" réalisés aux Etats- Unis.
Le projet initial d'Ernest ARCHDEACON était de réaliser ces essais, avec un planeur qu'il a fait construire à ses frais, soit à la Grande Dune de Merlimont soit à Camiers , au Mont Saint Frieux.
Les premières expériences ont lieu finalement dans les dunes entre Berck et Merlimont, avec le Capitaine FERBER, et le pilote Gabriel VOISIN, un planeur biplan de sa conception, qui s'inspirait des travaux de FERBER.
Ces expériences préliminaires, très fécondes en enseignement vont se solder le 15 mars 1904 par le premier vol, concluant, d'une machine plus lourde que l'air conduite par un homme, Gabriel VOISIN. II s'agit du premier vol jamais réalisé de plusieurs secondes sur plusieurs dizaines de mètres.
Le 21 mars 1904, Ernest ARCHDEACON rendit compte de cet exploit lors d'une séance de travail de l'Aéro-Club de France :
"Après plusieurs essais, nous avons choisi pour aérodrome non pas les dunes de Merlimont mais celles qui dominent la plage de Berck-Bellevue au nord de la commune de Berck, plus commodes par leur proximité de la ville. La présence dans cette ville de la société de l’Aéroplane Berckois est également précieuse avec ses 80 membres expérimentés".
D'autres vols au Touquet et à Mantes dans les Yvelines, sur la colline de Merlimont, auront lieu également avec succès.
Il existe de multiples tirages de vols du haut des dunes : Berck, Merlimont ou Le Touquet. Les glissades se sont répétées avec, semble-t-il différents modèles de planeurs (voir notamment les clichés de Jacques-Henri Lartigue).
Le vol historique du 15 mars 1904 fut immortalisé en photographie par M. Champroux, directeur de l'hôpital Maritime de l'époque.
Il n'y a donc pas de doute, c'est bien des dunes de Berck que Gabriel VOISIN s'est élancé pour réaliser le premier vol d'un "aéroplane" en France, homologué et incontesté…* tandis que de nombreux essais préliminaires à cet exploit se déroulèrent dans les dunes de Merlimont.
*Même si certaines sources indiquent qu'Ernest Archdeacon amena son planeur par bateau… à Merlimont pour un vol au cours duquel il réussit à parcourir 25 mètres en l'air le 3 avril 1904.
Documents PDF téléchargeables :
Biographie de Gabriel VOISIN (Légion d'honneur en Beaujolais)
Les canard de Gabriel VOISIN par Gérard Hartmann
Premier vol d"='un plus lourd que l'air de Jean Jacques TURLOT pour Aviatik
Les frères CAUDRON passe aussi par Merlimont
Fascinés par les exploits des frères Wright et autre Gabriel VOISIN, Gaston (1882-1915) et René (1884-1959) Caudron, frères et fils d’agriculteurs de la Somme, décident de suivre leurs traces.
Ce début de siècle est en effet l’ère des grandes prouesses aériennes (Blériot traverse la Manche en juillet 1909) et l’aviation captive l’opinion publique et la presse.
En juin 1908, aidés de valets de ferme, les frères Caudron mettent au point leur premier biplan dans le hangar de la propriété familiale. Puis très vite, leurs affaires s’accélèrent. René est le premier pilote à se poser au Touquet le dimanche 10 juillet 1910.
Il y revient fréquemment et effectue à la fin de juillet et en août un trajet aller-retour jusqu’à Merlimont.
Le 7 août, il passe au Touquet son brevet de pilote, son frère Gaston l’obtenant à son tour, le 3 mars 1911.
À l’été 1910, les deux frères ont créé à Rue (80) des ateliers qui se transforment rapidement en une vraie usine, d’où sortent les célèbres biplans Caudron.
En parallèle, ils ouvrent une école de pilotage au Crotoy, qui devient l’une des plus réputées de France et où ont été formés de célèbres aviateurs comme René Fonck ou Jean Mermoz.
En 1912, Gaston et René Caudron sont les premiers à proposer un hydro-aéroplane, soit le premier modèle d’hydravion connu dans le monde.
Durant la guerre, la proximité du front les pousse à transférer leur usine à Issy-les-Moulineaux, puis à Lyon où ils effectuent des essais à l’aérodrome de Bron. C’est là que Gaston trouve la mort, le 10 décembre 1915, à l’âge de 33 ans.
Après son décès, René poursuit l’œuvre commune jusque dans l’entre-deux guerres.
En 1933, la firme est rachetée par Louis Renault puis nationalisée.
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